Les PFAS, souvent appelés « polluants éternels » en raison de leur persistance dans l’environnement, sont des composés synthétiques utilisés pour leurs propriétés résistantes à l’eau et aux taches. On les trouve dans divers produits de consommation, tels que les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine et les textiles.
En 2020, Jessian Choy, une journaliste du magazine américain Sierra entreprend de faire tester les culottes menstruelles de la marque THINXS, qui promeut des produits « sans substance chimique dangereuse« . Le résultat sera sans appel: divers produits chimiques sont trouvés dans les produits de THINXS, dont les tristement célèbres PFAS. Un modèle de culotte présente même plus de 3264ppm de PFAS, quand les seuils recommandés actuellement pour l’eau du robinet sont inférieurs à 0.0001ppm (soit 100ng/L). S’il n’existe pas encore à l’époque de seuil pour les produits en contact avec la peau, la disproportion de PFAS découverts interpelle et l’article de Sierra fait scandale.
Le bruit médiatique débouche sur une « action de classe » aux Etats-Unis, qui voit des milliers d’américains porter plainte contre THINXS. L’entreprise s’en tirera par un accord à l’amiable de 5 millions de dollars à répartir entre les plaignants.
Un rapport qui fait boule de neige
Dans la foulée de ce procès, le New York Times reprend le flambeau et mandate une nouvelle étude auprès du même Graham Peaslee, de l’Université Notre Dame dans l’Indiana (US), qui avait testé les produits THINXS. 44 produits menstruels différents – serviettes hygiéniques, tampons, coupes et culottes menstruelles, sont alors testés pour analyser leur concentration en PFAS.
Plus de 200 tests sont menés par Peaslee et sa collaboratrice, Alyssa Wicks. Plusieurs échantillons sont analysés pour chaque produit, et des prélèvements sont effectués à divers emplacements (pour le tampon par example: la ficelle de retrait, le coeur en viscose ou encore le voile extérieur).
La conclusion de Peaslee et Wicks est mitigée: si tous les modèles testés présentent au moins un des PFAS connus, les faibles concentrations relevées suggèrent une contamination accidentelle pour plus de la moitié d’entre eux. Huit modèles sur les 44 testés présentent malgré tout suffisament de PFAS (>300ppm) pour qu’ils fassent partie du processus de fabrication de façon intentionnelle.
Une nouvelle étude indépendante est alors menée en 2021 par le blog de parentalité Mamavation, en coordination avec le média digital Environmental Health News. 46 modèles de serviettes hygiéniques, 23 modèles de tampons et 17 modèles de culottes menstruelles sont alors testées pour des résultats là encore sans équivoque:
- 48% des serviettes testées, 22% des tampons et 65% des culottes présentent des niveaux de fluorine qui évoquent la présence de PFAS
- un des modèles de culotte présente un niveau de fluorine supérieur à 900ppm!
La bonne nouvelle relevée par cette étude est que plusieurs marques testées sortent toutefois du lot pour leur absence manifeste de PFAS:
- pour les serviettes hygiéniques: ORGANYC, NATRACARE
- pour les tampons: NATRACARE, O.B ORGANIC
- pour les culottes menstruelles : LILOVA, MODIBODI, INNERSY
Ces marques sont toutes disponibles en France depuis divers sites de e-commerce comme Amazon ou directement sur leur propre site. D’autres marques françaises avancent des certifications sans PFAS par des laboratoires indépendants, dont MmeLovary et MarieFil.
Des interdictions pures et simples dans l’avenir
Un article récent de l’association américaine Environmental Working Group soulignait que les menstruations représentent plus de 2500 jours dans une vie… 2500 jours d’exposition potentielle aux PFAS, dont on connaît désormais les nombreux impacts supposés sur la santé.
Les études indiquant avec certitude que les PFAS peuvent être absorbés par la peau et les muqueuses, il est donc crucial que les consommateurs soient conscients des risques potentiels et que les fabricants priorisent la sécurité de leurs produits.
En réponse à ces découvertes sur les produits menstruels, certains États américains ont d’ailleurs commencé à interdire la vente de produits menstruels contenant des PFAS. Par exemple, les états de Californie et de New York ont adopté des lois pour interdire les PFAS dans les protections menstruelles, avec une mise en œuvre prévue pour 2025.
Dans l’intervalle, protégeons-nous et protégeons les nôtres
Si tous les produits menstruels ne présentent donc pas de PFAS, il est donc clair désormais que de nombreuses marques n’ont pas encore saisi l’urgence de la situation et la nécessité impérieuse de bannir les PFAS de ces produits en contact avec la peau et des muqueuses sensibles.
Nous ne pouvons donc que vous recommander de rechercher et de choisir des produits certifiés sans PFAS, en attendant que nos décideurs politiques mettent en place des réglementations claires et cohérentes pour protéger la santé publique.
Et dans l’intervalle, nous sommes là pour vous aider à y voir clair dans cette pollution aux PFAS et vous apporter des solutions. Restez connectés, et suivez notre blog régulièrement pour de prochaines informations sur le sujet!
Sources :
- PFAS Class-Action Thinx Period Underwear Lawsuit Settled for $5 Million, Consumernotice.org
- We Had 44 Period and Incontinence Products Tested for Forever Chemicals. Many Were Contaminated., The New York Times
- States work to ban period products containing toxic PFAS after 2023 report, The Guardian
- New study confirms forever chemicals are absorbed through human skin, Science Daily
- New research: PFAS detected in some menstrual and incontinence products, Environmental Working Group
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