Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des composés chimiques synthétiques utilisés depuis le milieu du XXe siècle pour leurs propriétés de résistance à la chaleur, à l’eau et aux graisses. Elles sont omniprésentes dans l’environnement, persistantes et s’accumulent dans les organismes vivants. En conséquence, de nombreux points chauds ont été identifiés où les niveaux de PFAS dans l’eau potable, le sol ou les aliments dépassent les seuils de sécurité, exposant ainsi les populations locales à des risques sanitaires accrus.

Les PFAS sont presque totalement absorbés par l’intestin et se lient aux protéines sériques, se concentrant principalement dans le foie et les reins. Cependant, leur élimination est limitée par une réabsorption importante dans les tubules rénaux et l’intestin, ce qui conduit à une demi-vie longue, notamment pour l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) qui peut durer de 2,7 à 5,0 ans.

Effets sur la Santé

Les PFAS sont associés à divers effets néfastes sur la santé, tels que des perturbations hormonales et immunologiques, une élévation du cholestérol et des enzymes hépatiques, ainsi qu’un risque accru de certains cancers. En raison de leur persistance et de leur potentiel de bioaccumulation, les réglementations internationales, comme celles établies par la Convention de Stockholm, tentent de limiter leur usage. Malgré cela, des zones de contamination élevée persistent, soulignant la nécessité de stratégies d’atténuation efficaces.

Stratégies d’Élimination des PFAS

Étant donné la réabsorption entérohépatique des PFAS, leur excrétion est principalement limitée par l’urine et les fèces. Les résines échangeuses d’anions (AER), telles que la colestyramine et le colesevelam, ont été explorées comme traitements potentiels pour réduire les niveaux de PFAS dans le sang. Ces résines forment des complexes insolubles avec les acides biliaires dans l’intestin, augmentant ainsi l’élimination fécale du cholestérol et potentiellement des PFAS.

Étude sur la Réduction du PFOS par la Cholestyramine

Une étude clinique contrôlée, menée pour évaluer l’efficacité de la colestyramine (une AER) dans la réduction des niveaux sériques de PFOS chez des adultes fortement exposés, a apporté des résultats prometteurs.

Contexte et Méthodes
Cette étude en double séquence randomisée a été réalisée auprès de citoyens d’une zone contaminée au Danemark. Les participants, ayant des niveaux de PFOS sériques supérieurs à 21 ng/mL, ont été traités avec 4 g de colestyramine trois fois par jour pendant 12 semaines, alternant avec des périodes d’observation sans traitement. L’objectif principal était de mesurer le changement des niveaux de PFOS dans le sérum entre les périodes de traitement et d’observation.

Résultats
Sur les 45 participants, la concentration médiane initiale de PFOS était de 191 ng/mL. Pendant la période de traitement, une réduction moyenne de 115 ng/mL (60%) des niveaux de PFOS a été observée, contre seulement 4,3 ng/mL durant la période d’observation. Les niveaux d’autres PFAS, comme le PFHxS, le PFOA, le PFNA et le PFDA, ont également diminué de manière significative. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé, bien que quelques participants aient rapporté des symptômes gastro-intestinaux légers.

Une conclusion prometteuse

L’étude a donc démontré que la colestyramine peut réduire significativement les concentrations sériques de PFOS chez les individus fortement exposés. Ces résultats suggèrent que les AER pourraient être une option thérapeutique viable pour accélérer l’élimination des PFAS chez les personnes exposées à des niveaux élevés de ces contaminants.

Des études supplémentaires, avec des échantillons plus larges et des périodes de suivi plus longues, seront nécessaires pour confirmer ces résultats et optimiser les protocoles de traitement. Ces efforts sont essentiels pour réduire les risques sanitaires associés aux PFAS et protéger les communautés vivant dans des zones contaminées.

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