L’allaitement est généralement considéré comme le meilleur mode d’alimentation pour les nourrissons, leur offrant des nutriments essentiels pour leur croissance et une protection immunitaire qui préparera efficacement les premiers mois de leur vie. Cependant, des études récentes ont mis en évidence des risques potentiels associés à la contamination par les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) chez les mères.
Les PFAS sont un groupe de produits chimiques synthétiques utilisés dans divers produits de consommation pour leurs propriétés de résistance à l’eau et aux taches. Ces substances sont liées à de nombreux problèmes de santé, y compris le cancer, l’affaiblissement du système immunitaire et des problèmes de développement. En raison de leur persistance dans l’environnement et de leur nature bioaccumulative, les PFAS sont souvent appelés « polluants éternels ».
Une contamination silencieuse
Les principales sources d’exposition aux PFAS pour les mères allaitantes incluent l’eau potable contaminée, les emballages alimentaires et les produits ménagers tels que les ustensiles de cuisine antiadhésifs et les tissus résistants aux taches. Une fois que ces produits chimiques pénètrent dans le corps, ils peuvent persister longtemps, s’accumulant progressivement au fil des années.
Des scientifiques de l’université de Valence, en Espagne, ont ainsi mené une courte étude sur une dizaine de jeunes mères allaitantes, pour étudier la qualité de leur lait. Des PFAS, en l’occurence de l’acide perfluoroheptanoIque (PFHpA) et de l’acide perfluorodecanoïque (PFDA), ont été retrouvés dans le lait de 7 femmes sur 10!
Un transfert des PFAS de la mère à l’enfant
La contamination des mères interroge sur la possible contamination des bébés allaités.
Une première étude, publiée dans Environmental Science & Technology a confirmé que des nourrissons exclusivement allaités et ne connaissant donc d’autre nourriture ou boisson que le lait maternel, présentaient des taux de PFAS significatifs dans leur sang. Cette même étude a relevé que ces concentrations de PFAS dans le sang des nourrissons dépassait parfois les niveaux trouvés dans le sang de leurs mères.
Une autre étude, mise en avant par Live Science et menée par des scientifiques de l’école de Santé Publique de Harvard T.H. Chan, a clarifié ce mode de contamination. Elle a ainsi révélé que les niveaux de PFAS chez les nourrissons allaités augmentaient d’environ 20 % à 30 % à chaque mois d’allaitement. L’exposition des nourrissons est donc cumulative et croissante au fil des mois d’allaitement, ce qui pourrait avoir des impacts durables sur la santé.
Les implications pour la santé des nourrissons exposés aux PFAS sont encore à l’étude, mais il existe de plus en plus de preuves des risques potentiels. Des niveaux élevés de PFAS chez les nourrissons ont été associés à des poids de naissance inférieurs, des retards de développement et une réponse immunitaire altérée.
Le lait infantile n’est pas une meilleure solution
Bien que l’allaitement reste l’option de nutrition infantile la plus recommandée, les alternatives comme le lait infantile posent également des risques. Selon La Leche League International, certains laits pour nourrissons contiennent des PFAS, exposant potentiellement les nourrissons à ces produits chimiques nocifs même en cas de non-allaitement. L’étude menée dans la région de Valence dont nous parlions ci-dessus a ainsi analysé la présence de PFAS dans 4 marques de laits infantiles. Elle a confirmé la présence de PFAS, en l’occurrence de l’acide perfluorobutanoïque (PFBA) et de l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) dans 100% des échantillons testés!
Allaiter malgré tout, mais rester vigilantes
L’allaitement reste la meilleure option pour la nutrition infantile au vu de son bénéfice-risque, bien supérieur à celui du lait infantile.
Il est aussi important de comprendre qu’une contamination aux PFAS, si elle reste inférieure aux seuils communément admis comme à risque, n’impliquera pas nécessairement de problèmes de santé pour l’enfant. Le programme scientifique européen HBM4EU a ainsi fixé ces seuils à 6.9 μg/L dans le sang des futures mères, ce qui permettrait de garder le lait maternel en dessous des 17.5 μg/L de PFAS, seuil considéré comme critique pour le nourrisson.
Quel que soit leur choix – allaitement ou lait infantile, la première chose à faire pour les mères ayant le projet d’un enfant restera donc de comprendre la problématique des PFAS dans son ensemble:
- Savoir où se trouvent les PFAS dans leur quotidien, que ce soit dans leur alimentation, leurs boissons ou leur environnement proche
- Comprendre comment s’en préserver, en traitant son eau de boisson, en évitant certains aliments ou certains produits dans la cuisine ou la salle de bain
- Rester informée
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Sources :
- Perfluoroalkyl substances in Breast milk, infant formula and baby food from Valencian Community (Spain), ScienceDirect
- PFASs: What can we learn from the European Human Biomonitoring Initiative HBM4EU, ScienceDirect
- Per- and Polyfluoroalkyl Substances (PFAS) in Breast Milk: Concerning Trends for Current-Use PFAS, ACS Publications
- ‘Am I going to regret it?’: forever chemicals dilemma for breastfeeding mothers, The Guardian
- Breastfeeding as an Exposure Pathway for Perfluorinated Alkylates, Harvard T.H. Chan School of Public Health
- Breast-Fed Babies Show Buildup of Potentially Harmful Chemical, Live Science
- Breastfeeding and ‘Forever Chemicals’, La Leche League International
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