Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont de plus en plus reconnues pour leurs effets néfastes sur la santé humaine. Parmi ces effets, un lien troublant semble émerger entre l’exposition aux PFAS et la régulation du poids chez les individus, quel que soit leur âge. Diverses études semblent notamment pointer vers une corrélation entre l’omniprésence de ces « polluants éternels » et l’épidémie mondiale d’obésité.

Les PFAS : des perturbateurs métaboliques en puissance

L’idée que les produits chimiques, et en particulier les PFAS, puissent affecter la régulation du poids n’est pas nouvelle. Une première étude publiée en 2018 et menée sur plus de 620 personnes en surpoids, avait démontré un lien entre la présence de PFAS dans le sang et un RMR (taux métabolique au repos) plus bas que la moyenne. Les personnes avec un RMR bas ont un métabolisme plus lent, brûlant donc moins de calories dans la journée et perdant donc moins facilement le poids naturellement pris avec l’alimentation.

Exposition néonatale: une bombe à retardement

Dans une étude poursuivie en 2022 par l’université Carleton d’Ottawa, au Canada, des chercheurs se sont penchés plus particulèrement sur l’obésité infantile qui a explosé entre les années 1980 et 2015. Notons qu’en France, l’obésité infantile toucherait 5,4% des enfants français, alors qu’au niveau Européen, près d’un enfant sur 3 est considéré en surpoids ou obèse selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Les résultats de cette étude, menée sur des enfants de moins de 12 ans, est en demie-teinte…

  • La bonne nouvelle d’abord…
    • l’étude exclut une relation directe entre une exposition prénatale aux PFAS et l’apparition ultérieure de l’obésité chez le jeune enfant.
  • La mauvaise nouvelle…
    • L’étude confirme une relation entre exposition postnatale – c’est à dire durant les premières années de développement, et l’apparition de l’obésité chez l’enfant.

A noter tout de même, de nouvelles recherches semblent contester l’absence d’effet d’une exposition prénatale, suggérant que les PFAS agissent comme une bombe à retardement, avec une obésité qui peut apparaître plus tard à l’adolescence.

Une relation avérée pour les adolescents…

Des recherches récentes ont apporté des preuves plus solides sur ce lien entre PFAS et obésité.

On citera ici deux études convergentes, menées en 2021, qui ont creusé cette corrélation pour les adolescents:

  1. des chercheurs de l’université de Tromsø en Norvège, ont suivi 940 adolescents et démontré que les individus obèses de ce groupe présentaient une concentration élevée de PFHxS et PFHpS dans leur sang
  2. des chercheurs de l’université du Nord Illinois ont quant à eux suivi 2473 adolescents, et conclu à une relation évidente entre concentration sanguine de PFOA et obésité chez les individus observés.

Si les mécanismes par lesquels les PFAS influencent le métabolisme ne sont pas encore complètement élucidés, il est de plus en plus clair qu’ils pourraient interférer avec les systèmes endocrinien et hormonal. Les PFAS semblent perturber les récepteurs de la thyroïde et les voies métaboliques, ce qui pourrait conduire à une accumulation de graisses et à une altération du métabolisme des lipides et du glucose.

… comme pour les adultes

Dans une étude menée sur 381 adultes, les sujets de l’expérience devaient d’abord perdre au moins 8% de leur poids, l’objectif étant d’analyser leur reprise de poids après un régime. Les résultats de cette étude ont confirmé que les sujets présentant un taux de PFOA ou de PFHxS élevé reprenaient beaucoup plus de poids que les autres participants de l’expérience.

La Commission Européenne elle-même a fini par s’emparer de cette question brûlante en compilant les données de plus de 700 publications scientifiques. L’exercice a confirmé là encore que les personnes présentant des niveaux élevés de PFAS dans leur sang avaient un risque accru de surpoids et d’obésité. Cette étude européenne souligne de façon plus large que l’exposition aux produits chimiques présents dans les plastiques et notamment les PFAS pourrait être un facteur causal de l’obésité, en particulier lorsqu’elle se produit à des niveaux élevés ou prolongés.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Les données accumulées jusqu’à présent montrent un tableau inquiétant : les PFAS, omniprésents dans notre environnement, semblent jouer un rôle majeur dans l’augmentation des taux d’obésité à travers le monde. La persistance de ces produits chimiques dans l’environnement, combinée à leur capacité à s’accumuler dans le corps humain, signifie que même des expositions faibles mais chroniques peuvent avoir des effets à long terme sur notre métabolisme.

Cette réalité impose une vigilance accrue de la part des autorités sanitaires, des chercheurs, et des citoyens, afin de minimiser l’impact de ces substances sur la santé publique. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la manière de réduire leur exposition aux PFAS, nous vous invitons à consulter notre section dédiée aux solutions sur infopfas.com.

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