Les substances per- et polyfluoroalkylées, communément appelées PFAS, sont devenues un enjeu environnemental et sanitaire majeur à l’échelle mondiale. Leur persistance dans l’environnement et leur toxicité potentielle pour le vivant ont conduit les gouvernements et les organisations internationales à mettre en place des réglementations strictes pour encadrer leur présence dans notre environnement direct. Cet article fait le point sur les réglementations en vigueur, les seuils d’acceptabilité des PFAS et les actions futures nécessaires pour protéger la santé publique.
Garantir une eau saine: la priorité #1
L’absorption des PFAS au travers de notre eau de consommation reste l’une des voies principales de contamination de l’organisme. Les eaux souterraines, fleuves et rivières fournissent majoritairement notre eau de boisson et sont donc tout particulièrement sous surveillance.
- États-Unis : En avril 2024, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis a annoncé des réglementations visant à limiter six types de PFAS dans l’eau potable à des niveaux inférieurs à 4ng/L. Les niveaux de sécurité proposés incluent le PFOA et le PFOS à 4 ng/L, des valeurs parmi les plus strictes au monde.
- Union Européenne : L’Union Européenne, à travers sa directive sur l’eau potable révisée en 2020, impose un seuil maximum de 100 ng/L pour la somme des PFAS les plus préoccupants et un seuil combiné de 500 ng/L pour la somme de tous les PFAS détectés.
- Suisse : Depuis 2017, l’OPBD (Ordonnance sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche accessibles au public) exige une somme maximale de 1’100 ng/l, uniquement pour les 3 PFAS suivants : le PFHxS (300 ng/l), le PFOS (300 ng/l) et le PFOA (500 ng/l).
- Australie : L’Australie recommande des limites de 70 ng/L pour le PFOS et le PFHxS et de 560 ng/L pour le PFOA dans l’eau potable.
On constate donc des différences assez marquées entre les différents pays. Les Etats-Unis, pourtant connus d’habitude pour un certain scepticisme vis-à-vis des réglementations environnementales, mènent aujourd’hui le combat réglementaire, poussés par la multiplication des actions en justice. Si l’Union Européenne suit de près, on notera que de nombreux pays restent beaucoup plus timorés, voire totalement silencieux sur le sujet. Le Royaume-Uni s’illustre en particulier pour son absence d’action envers les PFAS, faisant gonfler la polémique dans l’opinion publique.
Sécuriser la chaîne alimentaire…
Les sols représentent une porte d’entrée majeure dans la chaîne alimentaire pour les polluants de toutes sortes. Les PFAS pénètrent dans la terre par de nombreuses voies: déversements industriels, biosolides utilisés comme engrais, dépôts atmosphériques, lessivage des décharges par la pluie, déversements de mousses anti-incendie sur les sites d’entraînement des pompiers… Les PFAS se retrouvent ainsi absorbés par les plantes, contaminant ainsi les légumes et les animaux que nous consommons.
- Union Européenne : Les PFAS sont classés dans la catégorie des substances prioritaires par l’UE (réglementation REACH), qui a proposé des valeurs seuils spécifiques pour les sols contaminés, de l’ordre de 0,1 à 1 µg/kg selon les types de sol et leur usage (agricole, résidentiel, industriel). Il n’existe toutefois, à notre connaissance, pas de réglementation en place qui impose le respect de ces limites au niveau de chaque pays.
- États-Unis : Aux États-Unis, plusieurs États ont établi des limites spécifiques pour les PFAS dans les sols, variant généralement entre 0,01 et 2500 mg/kg (!), là encore en fonction du type de PFAS et de l’usage fait du terrain.
… Et garantir une alimentation sans PFAS
Les PFAS peuvent donc logiquement contaminer notre nourriture via l’eau ou les sols, mais aussi via les emballages alimentaires. L’ingestion des aliments représentant la deuxième voie la plus importante de contamination de notre organisme, il est donc assez étonnant qu’il existe si peu de normes qui encadrent la présence de PFAS dans l’alimentation.
En septembre 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé une dose hebdomadaire tolérable (DHT) de 4,4 ng/kg de poids corporel pour l’exposition combinée au PFOA, PFOS, PFNA, et PFHxS dans les aliments.
Le Japon quant à lui vient d’établir ce même DHT à plus de 560 ng/kg de poids corporel, fixant une limite journalière individuelle pour chacune des 4 substances à 20ng/kg.
Ces réglementations sont toutefois parmi les rares actuellement en cours dans le monde, concernant la présence de PFAS dans notre alimentation. Il est à noter qu’aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) surveille les niveaux de PFAS dans les aliments, mais des seuils réglementaires spécifiques ne sont toujours pas établis à l’échelle fédérale, au moment de l’écriture de cet article. Des recommandations sont toutefois en cours de développement.
Défis et Perspectives Futures
Parmi les développements futurs à attendre, il est possible que les prochaines normes s’attacheront à fixer des seuils d’acceptabilité pour les PFAS dans l’air que nous respirons. De nombreuses initiatives sont d’ailleurs déjà en cours en Europe et aux Etats-Unis pour limiter les émissions dans l’air provenant des installations industrielles.
Les PFAS sont cependant une classe de plus de 4 700 substances, ce qui rend leur régulation complexe. Les différentes approches régionales et nationales montrent un besoin croissant d’harmonisation des seuils d’acceptabilité et de l’application des réglementations. Les développements récents dans les technologies de détection et de traitement des PFAS offrent des perspectives prometteuses pour améliorer la gestion de ces substances à long terme.
Les efforts de la communauté internationale doivent se concentrer non seulement sur le renforcement des réglementations actuelles, mais aussi sur la promotion de la recherche et du développement de solutions de substitution aux PFAS dans les processus industriels.
Vous souhaitez savoir si vous êtes contaminé par les PFAS? N’hésitez pas à consulter notre section dédiée où vous trouverez différentes solutions pour évaluer votre degré d’exposition. Et surtout, restez connecté à notre blog infopfas.com !
Sources:
- US EPA sets historic new restrictions on toxic PFAS in drinking water, The Lancet
- Per- and Polyfluoroalkyl Substances (PFAS) Final PFAS National Primary Drinking Water Regulation, EPA
- DIRECTIVE (UE) 2020/2184 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, Journal Officiel de l’UE
- FICHE D’INFORMATION – PFAS dans l’eau potable, Office de la consommation Qualité et distribution de l’eau
- Australian PFAS guidelines for drinking water criticised as US, EU take significant steps on ‘forever chemicals’, ABC news
- PFAS and Forever Chemicals, DWI
- Understanding REACH, ECHA
- PFAS Update: State Soil Concentration Regulations, July 2023, BCLP
- PFAS dans les aliments : l’EFSA évalue les risques et définit un apport tolérable, EFSA
- Japan sets draft limits for PFAS in food, EHN