Comme 93% des Européens, il vous arrive sans doute de craquer de temps en temps pour un repas dans votre fast-food préféré… Vous faites peut-être même partie de ces afficionados de la restauration rapide qui, comme 34% de nos cousins anglais, vont y manger au moins une fois par semaine !

Après des décennies de sensibilisation, nous sommes désormais tous bien informés des risques sur la santé de cette « malbouffe »: obésité, insuffisance cardiaque, hypertension, diabète… la liste est longue.

Ce que nous savons moins, c’est qu’en fréquentant régulièrement les fast-foods nous augmentons aussi notre exposition aux PFAS, ces « polluants éternels » qui défraient la chronique depuis maintenant quelques années.

Mais que viennent-ils faire là?

On savait déjà que les PFAS sont utilisés un peu partout dans notre quotidien: vêtements, accessoires de cuisine, peintures, tapis et même dans nos cosmétiques ou notre gel douche. Mais dans notre bon vieux burger ou dans les frites de notre fast-food préféré?

C’est pourtant un fait bien établi, les PFAS se retrouvent très souvent dans les emballages alimentaires de la restauration rapide. Ils sont en effet utilisés pour leur capacité à résister aux graisses et à l’eau, rendant ainsi les emballages plus efficaces:

  • ils sont plus durables car ils ne s’abiment pas ni se désagrègent à cause des sauces ou de l’huile contenus dans les aliments.
  • ils sont plus pratiques car la nourriture ne colle pas à l’emballage
  • … et donc ils restent propres et ça, tout le monde adore!

Dans une étude menée aux Etats-Unis en 2022, des PFAS ont ainsi été détectés dans plus de la moitié des emballages de fast-food testés. 19 % des échantillons dépassaient même les 100ppm (0,1mg de PFAS par g d’emballage), fixés récemment par l’état de Californie comme étant le seuil de toxicité à ne pas dépasser. L’affaire ne concerne malheureusement pas que nos amis américains, puisqu’une étude similaire menée en France a pu démontrer la présence d’un PFAS, l’acide perfluorohexanoïque (PFHxA), dans TOUS les échantillons testés.

De vos frites à votre sang

L’utilisation de PFAS dans les emballages de la restauration rapide est donc large. Elle va des papiers gras entourant votre burger ou votre sandwich, aux emballages de pizzas en passant par les boîtes de frites ou les buckets qui contiennent vos tenders ou vos wings.

Au contact de la nourriture chaude ou grasse, les PFAS contenus dans les emballages peuvent migrer vers les aliments. C’est donc tout naturellement que ces polluants vont entrer dans votre organisme et se retrouver dans votre sang grâce au cycle digestif. Et si une fraction de ces PFAS seront évacués avec votre urine, une large partie restera dans votre corps pour s’y accumuler. Car le problème avec les PFAS tient à leur principale qualité: la résistance unique de leur chaîne carbonée, qui les rend peu sensibles à la plupart des phénomènes habituels de dégradation, y compris donc à la digestion.

Note: On fera ici volontairement l’impasse sur l’hypothèse d’une absorption des PFAS par le contact de votre peau avec ces emballages. En effet, bien que de nombreuses études tendent désormais à démontrer que le contact prolongé de la peau avec des PFAS permet le passage de ces derniers dans l’organisme, on peut supposer que dans le cas d’un repas au fast-food, ce contact n’est probablement pas assez long pour que le transfert se fasse.

Les PFAS, incriminés dans de nombreuses maladies

Cette accumulation des PFAS dans le corps au fil du temps peut causer divers problèmes, comme des perturbations hormonales, des maladies thyroïdiennes, des cancers, et des troubles rénaux. Les jeunes enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. Chez les femmes enceintes, l’exposition aux PFAS peut perturber le développement du fœtus, augmentant le risque de faible poids à la naissance ou de prématurité. Pour les jeunes enfants, les PFAS peuvent altérer le développement cognitif, réduire la fonction immunitaire, et contribuer à l’apparition de troubles comportementaux.

Il est désormais établi que les PFAS interfèrent avec les systèmes endocriniens, affectant des processus critiques comme la régulation des hormones et le métabolisme. Un étude européenne récente souligne notamment que l’exposition aux produits chimiques présents dans les plastiques et notamment les PFAS pourrait être un facteur causal de l’obésité, en particulier lorsqu’elle se produit à des niveaux élevés ou prolongés.

Les marques s’emparent du sujet

Conscients de l’impact de ces substances, plusieurs entreprises ont fait le choix de réduire – voire de bannir pour certaines, lutilisation des PFAS dans leurs emballages.

Si ces grands groupes ont accéléré leur transition sous la pression des consommateurs, ils anticipent aussi une régulation toujours plus forte des PFAS, tout particulièrement en Europe et aux États-Unis. On rappellera notamment que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a désormais fixé une dose hebdomadaire tolérable (DHT) de 4,4 ng/kg de poids corporel pour l’exposition combinée au PFOA, PFOS, PFNA, et PFHxS dans les aliments.

Restons vigilants, mais ne boudons pas notre plaisir

Une fois encore, un peu de pragmatisme ne fera de mal à personne. La présence des PFAS dans les emballages vient ajouter un risque supplémentaire à la longue liste des maladies accélérées ou causées par une fréquentation assidue des fast-foods. Le plus raisonnable est donc d’appliquer un peu de bon sens et de limiter votre fréquentation de ces hauts-lieux de la malbouffe. Votre coeur vous remerciera, vos artères aussi.

Et si la plupart des marques font des efforts à saluer pour supprimer les PFAS de leurs emballages, notons que pour l’instant de nombreuses voix s’élèvent pour dire qu’ils sont encore loin de leur objectif. Dans une étude réalisée fin 2023 par le blog santé Mamavation, des PFAS ont été encore trouvé dans des emballages KFC, Mc Donald’s ou encore Starbucks, sans toutefois qu’il puisse être établi que leur présence soit intentionnelle.

En attendant donc que les PFAS disparaissent des emballages, restez vigilants et continuez de lire notre blog infopfas.com pour toujours plus d’information sur ces polluants éternels!

Sources :

  1. Rapport sur la consommation : Restauration rapide, Roamler
  2. Santé : quelles sont les conséquences de la malbouffe sur notre cerveau ?, Futura Sciences
  3. Dangerous PFAS Chemicals Are in Your Food Packaging, Consumer Report
  4. Determination of several PFAS groups in food packaging material from fast-food restaurants in France, Science Direct
  5. California’s Approach to PFAS Regulation Creates Compliance Challenges, Baker Hostetler law
  6. Understanding PFAS Exposure and Your Body, Agency for Toxic Substances and Disease Registry
  7. The PFAS Packaging Predicament: McDonald’s Isn’t Loving It, American Institute for Economic Research
  8. Starbucks announces ban of toxic “forever chemicals” in its food packaging, Toxic Free Future
  9. Burger King announces global ban of toxic “forever chemicals” in food packaging, Toxic Free Future
  10. Fast Food & Fast Casual Restaurant Packaging & PFAS “Forever Chemicals” –Report 2023, Mamavation

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